J'arrête de courir après le temps : les conseils de Nina Bataille
Vous vous sentez lent, nonchalant, contemplatif ou bien impatient, débordé, speed, sous-pression et désireux d’un meilleur équilibre de vie ? À chaque problème, sa solution ! Réglez vos problèmes de temps une bonne fois pour toutes grâce au livre J'arrête de courir après le temps de Nina Bataille (en librairie le 16 février).
Coach professionnelle spécialiste du bien-être au travail, l'autrice nous invite à nous interroger sur les causes de notre comportement face au temps et propose des outils adaptés pour se sentir moins stressé et fatigué.
En quoi consiste votre méthode ?
Vous aurez toujours l’impression de manquer de temps, donc le problème n’est pas d’en avoir plus mais de changer votre vision ou certains de vos comportements.
Les outils classiques de gestion du temps (matrice d’Eisenhower, méthode pomodoro, etc.) me paraissent insuffisants pour obtenir des résultats durables, je vous propose donc de vous intéresser aux causes dissimulées derrière vos problèmes liés au temps. En fonction de vos objectifs (arrêter de procrastiner ou au contraire, arrêter d’en faire toujours plus), je vous présente un éventail de solutions : à vous de choisir ce qui vous convient le mieux !
L’air du temps est au solutions miracles et aux résultats rapides : cela fonctionne très bien pour obtenir un petit changement. En ce qui concerne un changement plus profond, la réalité est tout autre ! Dans ce cas, accordez-vous le temps qu’il faut : tâtonnez et persévérez car la répétition est la source de tout résultat durable.
Quelles sont les principales causes de nos problèmes de gestion du temps ?
Vous êtes convaincus qu’une journée de 24h n’est pas suffisante pour réaliser tout ce qui vous incombe ? Vous abattez un maximum de tâches dans l’urgence et constatez que plus vous en faites, plus il vous en reste à faire ? Bonne nouvelle, un autre rythme est possible !
- Derrière le fait de courir après le temps peut se cacher un besoin frénétique de remplir son agenda par angoisse de s’ennuyer ou par manque d’estime de soi : l’action foisonnante permet de trouver à l’extérieur ce qui manque dans sa propre intériorité. Ce n’est pas parce que vous pensez « être moins » que vous devez en « faire plus ».
- Derrière l’hyperconnexion, peut se cacher un manque de conscience du temps passé sur écran (souvent sous-estimé), une difficulté à s’auto-réguler, un besoin de fuir ses propres émotions ou l’ennui…
- Derrière la recherche d’un bon équilibre entre vie privée et travail, se cache une nécessité de lâcher prise quant au désir d’être sur tous les fronts. Il faut faire des choix. On peut tout avoir dans sa vie mais il convient de se concentrer de façon alternative sur sa vie privée ou pro. Sinon, on risque de s’épuiser et de s’éloigner d’une vie équilibrée.
Quels conseils donneriez-vous pour éviter la procrastination ?
Il convient de faire la part des choses entre procrastination occasionnelle (comme 49% des français, procrastinez-vous au moins une heure par jour[1] ?) ou chronique. Quelles causes peuvent se cacher derrière une procrastination occasionnelle ?
- Anxiété, peur de l’échec ? « Je ne suis pas capable d’y arriver, je ne suis pas compétent. » La peur bloque l’action donc revoyez vos objectifs pour qu’ils soient raisonnables ou découpez un objectif ambitieux en petits objectifs pour vous remettre en mouvement.
- Tentés par des distractions ? Retardez vos usages (je regarderai cette série dans une heure, ce week-end…) et entraînez-vous à résister en trouvant un bénéfice plus grand : « je travaille une heure sur mon CV pour décrocher un travail plus satisfaisant. »
- Manque de motivation ? Fixez-vous un temps limité car il est plus facile de s’y mettre quand on sait que cela va s’arrêter. Faites souffler le vent de vos motivations sur vos démotivations : un carré de chocolat et de la musique rendent les tâches administratives plus agréables !
Si vous avez vraiment un problème chronique (intense et récurrent), agissez vite. Plus on campe dans son symptôme, plus il est compliqué de s’en défaire. Une psychothérapie cognitivo-comportementale vous aidera à modifier positivement les pensées négatives que vous cultivez sur vous-même.
Pourquoi est-ce utile de faire des pauses alors qu'on manque justement de temps ?
Votre attention est limitée ! On peut la comparer à un réservoir qui serait plein le matin, après une bonne nuit de sommeil, et qui va se vider progressivement au fur et à mesure des tâches que vous devrez effectuer. Au cours d’une journée, vous pourrez récupérer un peu d’attention grâce à des pauses, ou encore mieux, à des micro-siestes.
Quand on compare des IRM[2] représentant l’activité d’un cerveau qui travaille durant plusieurs heures sans interruption à celui d’un cerveau qui s’octroie des intervalles de repos, on constate que les pauses permettent de récupérer de l’attention et d’être plus efficace. Ceux qui restent assis quatre heures à leur bureau pour travailler sur un même sujet finissent par « faire de la chaise » : ils sont présents physiquement mais leur esprit finit par ne plus être concentré.
Sachant cela, changez de vocabulaire ! Dites « je prends un temps de récupération » et arrêtez de dire que vous « faites des pauses » car elles sont souvent associées à des temps de « glandouille » dans nos esprits français alors qu’elles sont indispensables et bénéfiques !
Comment détecter et agir contre ceux que vous appelez les "voleurs de temps" ?
Les voleurs de temps peuvent être les personnes qui vous empêchent d’être productifs ou qui vous plombent le moral. Soyez écologiques ! Dépolluez-vous de tout ce qui vous pollue !
- Si vous avez tendance à être sympa, à rendre service et dire oui facilement et si cela vous pèse parfois, apprenez à exprimer vos opinions et vos désirs. Au lieu de dire : « Cela m’est égal, allons où tu veux », réfléchissez un peu et dites plutôt « en fait, cela me ferait plaisir d’aller déjeuner « chinois ». » Quand vous dites non, essayez de ne pas donner de justification : « je suis désolé de ne pouvoir te rendre service, je ne suis pas disponible. »
- En tant que manager ou en tant que parent, sachez « investir du temps pour en gagner ». Faites l’effort de transmettre le goût de l’effort. Montrez et remontrez comment faire, plutôt que de faire « à la place » de vos collaborateurs ou de vos enfants. Dites-vous bien qu’il est plus rapide de montrer comment faire ou de dire quand cela ne va pas que d’avoir à inverser la vapeur quand les mauvaises habitudes sont prises.
[1] Etude OpinionWay, mars 2018.
[2]Daniel E. Callan, Nicolas Sweighofer, « Neural Correlates of the Spacing Effect in Explicit Verbal Semantic Encoding Support the Deficient-processing Theory », Human Brain Mapping, John Willey & son, 2010 : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/hbm.20894